Cuir sur cuir

Comptine

Main dans la main, cuir sur cuir,
bras dessus bras dessous
Chanter à tue-tête, s'embrasser tout bas,
boire beaucoup
Danser sur place, hanches contre hanches,
Yeux dans les yeux, mettre le feu aux planches

No Comment

Est-ce que j'ai bu?
Affirmatif.
À quel point?
No comment.

Si j'ai dérangé les gens?
Affirmatif
Qui?
No comment.

Si j'ai fait des conneries?
Affirmatif.
Si je me sens coupable?
No comment.

EconoLove

Dehors, sous les lampadaire, j'ai vu que t'avais les yeux rouges. Vers 4h10 tu m'as dit que tu voulais pas retourner chez toi, que ton ex t'attendait sûrement à la porte, qu'il te faisait peur quand il avait bu; moi je n'avais même pas d'appartement, mon local de jam à l'autre bout de la ville, inaccessible. Pas d'argent cash pour l'hôtel, la carte de crédit oubliée au bar pour éviter de se rendre compte du bill, on s'est trouvé un abri sous leur néon, ça nous a suffit, ça nous a comblé et on ne s'est jamais rappelés.

Vendredi 13

Si je me souviens bien, vendredi 13 avant l'Halloween, soirée fake thématique, un beau prétexte pour boire, on aime se faire croire qu'on a besoin d'une raison, même si on voudrait toujours être défoncés. Entre deux coups de flash, j'ai renversé ton verre, tu m'as sacré après, j'ai eu l'air con. Trois flash plus tard, on est pas obligés de rentrer, mais on peut pas rester ici. On décide de ne pas rester ici ensemble. T'avais les yeux rouges.

Déni

La bière m’était aussi imbuvable qu’un verre de lait en pleine canicule et j’avais vomi chaque fois que je m’étais éclipsée. Le cœur trop sensible pour la mort que ça sentait à plein nez mais malgré tout, je gardais le sourire en dehors, les larmes en dedans. Regard fixe de l’enfant qui se bouche les oreilles et chante cette comptine à tue-tête lorsqu’on lui demande de s’excuser.

Ce matin je me suis fait réveiller par les grincements du lit d’un couple qui baisait peut-être pour la dernière fois.


par Mélanie Jannard
http://buanderette.blogspot.com/

Minnie Whore

Minnie Whore, fille de pute. 1991-2009

On dit, on dit.

On dit pour se réconforter qu'on vit tous sous le même soleil.
Je sais que là-bas il sera différent.
Je sais que je ne le verrai plus de cette manière.
On dit pour se réconforter qu'on finit toujours par revenir.
Je sais qu'ici ce sera différent.
Je sais que je ne verrai plus rien de la même manière.